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n’étaient plus dignes de la mission qu’il avait acceptée, mais qui, un jour ou l’autre, pourraient encore avoir besoin de sa protection.

Et du reste, il l’eût en vain nié, lui aussi avait été bientôt sous le charme. Gabrielle l’avait dompté comme elle domptait tous ceux qui l’approchaient. S’il avait résisté à ce que cette attraction avait d’impérieux et de charnel, c’est qu’il s’était toujours rappelé les liens qui avaient existé entre lui et le père de la jeune fille, c’est qu’il ne voulait pas être le complice, sinon de sa chute, du moins de son abaissement.

Mais c’était là, selon sa morale un peu facile, tout ce que lui commandait sa conscience. Ayant le courage de ne pas tenter d’être l’amant, il se croyait le droit de rester l’ami. Gabrielle n’en avait pas de plus fidèle.

C’était à M. de Martry que mademoiselle Berthier confiait ses projets, faisait part de ses ambitieuses aspirations, et si l’honneur du commandant ne lui permettait pas toujours d’approuver, il se taisait, sans avoir l’énergie de combattre.

Car Gabrielle était d’une ambition démesurée, insatiable. Elle rêvait de prendre place, et grande place, dans le vrai monde dont les échos seuls venaient jusqu’à elle ; et bien qu’elle aimât toujours