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nécessaire, arrache ma fille du milieu funeste où sa mère l’a peut-être entraînée. La petite fortune que je lui laisse lui permettra de devenir une honnête femme.

M. de Martry promit à son ami de le remplacer auprès de Gabrielle, et M. Berthier mourut moins désespéré. Mais, deux ans après, lorsque le commandant, de retour en France, accourut à Paris pour tenir son serment, il était trop tard. Entretenue par un riche étranger, madame Berthier menait grand train, et sa fille était perdue.

Dans le monde interlope où sa mère l’avait introduite, Gabrielle, déjà remarquablement belle, s’était rencontrée avec un jeune peintre, Richard Berney, grand prix de Rome, dont l’avenir s’ouvrait plein de gloire, et elle en était devenue follement éprise.

Bientôt au courant de ce qui se passait, M. de Martry en fut tout d’abord douloureusement affecté ; mais comme il n’était pas de tempérament à faire un mentor, et que, d’ailleurs, il n’y avait pas de remède au mal, il se contenta de rendre ses comptes à mademoiselle Morin, sans rompre pour cela avec elle. Il lui parut qu’il n’était pas libre d’abandonner tout à fait celles qui