Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

étude. Pendant plusieurs jours, se croyant déshonoré, il ne sut où donner de la tête.

Dès qu’il eut retrouvé un peu de calme, il se hâta d’écrire à Paris, mais il le fit en craignant que madame Berthier ne fût déjà en plein Océan, et il se demanda pendant d’interminables jours ce qu’il dirait à cette héritière déshéritée, lorsqu’elle arriverait un beau matin pour toucher une fortune énorme et qu’il devrait lui avouer toute la vérité.

Le moins qu’il pouvait advenir de cette aventure, c’est qu’elle lui coûtât les vingt mille francs que son confrère de France avait remis à la sœur de M. Morin.

Les héritiers de celui-ci l’avaient autorisé, il est vrai, à offrir à madame Berthier cinquante mille francs à titre d’indemnité, mais c’était là une bien faible compensation pour celle qui aurait fait trois mille lieues dans l’espoir d’encaisser plus d’un million.

Sur ces entrefaites, Me Duchemin reçut la nouvelle officielle du départ de madame Berthier et de sa fille, et quoiqu’il fût le plus débonnaire des hommes, il se surprit parfois, durant ses nuits d’insomnie, à souhaiter au Rainbow quelque terrible accident de mer qui le débarrassât à jamais de toute réclamation ; ce dont il rougissait bien