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tainement aucune spéculation cynique et honteuse, mais néanmoins tout cela existait inconsciemment, et le mariage du peintre, avec qui que ce fût, amènerait forcément un changement si radical dans sa façon de vivre, que l’idée en avait toujours été repoussée par ceux qui avaient si grand intérêt à le conserver sous leur tutelle.

Sans se dire toutes ces choses, Paul en avait le sentiment, et ce fut très préoccupé de ce qui se préparait qu’il reprit le chemin de la rue de Douai.

Quant à la princesse, après le départ de son amant, elle écrivit à son mari qu’elle était prête à lui obéir en tous points.


IX

FLAGRANT DÉLIT


Pendant les deux jours qu’elle était restée en chemin de fer, dans un compartiment voisin de celui du prince Olsdorf, la jolie Véra Soublaïeff n’avait fait qu’un long rêve. Elle allait voir Paris, dont elle avait si souvent entendu parler avec enthousiasme par ses compatriotes, retrouver la princesse Lise, qui s’était toujours montrée si bonne pour elle, vivre d’une existence moins monotone qu’à Elva. Aussi, le lendemain de son arrivée, déjà délassée du voyage, s’éveilla-t-elle toute joyeuse et, comme un oiseau que le soleil attire, courut-elle à la fenêtre de sa chambre.

L’appartement que le gentilhomme russe occupait au Grand-Hôtel donnait sur le boulevard. Bien qu’il fût dix heures à peine, le spectacle qu’il offrit à Véra lui causa une sorte d’éblouissement, et elle était là depuis longtemps