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— Non, non, cela vaut mieux ainsi. À ce soir !

Et, sans se retourner, elle sortit vivement.

Quelques instants après, le roulement de sa voiture indiquait qu’elle s’éloignait.

— Tu aurais bien pu te taire, dit alors le peintre à Sarah. J’ai vu le moment où tu allais faire savoir à la princesse Olsdorf que tu es ma maîtresse.

— Je l’aurais dû, gronda la jeune fille, puisque tu es son amant !

— Son amant ! Tu es folle !

— Si je suis folle, je ne suis ni aveugle ni aussi sotte que tu le crois. Je parierais que c’est cette grande dame qui t’a fait cadeau de tout cela. C’est du propre !

— Tu ne sais ce que tu dis, et si tu dois me faire de pareilles scènes, tu feras mieux de ne plus revenir ici.

— C’est cela, tu me chasses ! Jure-moi donc que tu n’es pas l’amant de cette femme !

Sarah, les yeux chargés d’éclairs, la voix menaçante, avait saisi les deux mains de l’artiste.

— Tu m’ennuies, fit-il, en se dégageant brusquement.

— Alors j’ai deviné juste ! Eh bien ! je me vengerai d’elle et de toi. Ah ! les femmes du monde nous prennent nos amants ; elle les achètent. Nous verrons ! Elle à quelque part un mari cette princesse-là.

— Tu te trompes ; elle est veuve.

— Tu mens ! Dans tes lettres, tu m’as souvent parlé d’un prince Olsdorf. Il est sans doute en Russie, pendant que sa femme le trompe ici. L’imbécile !

— Enfin que veux-tu faire ? Je suis bien le maître de vivre à ma guise. Je suis libre, après tout.

— Pourquoi m’as-tu reprise à ton retour ? Il fallait me dire toute la vérité.

— Je n’avais rien à te dire. C’est toi qui es revenue ; je ne suis pas allé te chercher.

— Et tes lettres de Russie, dans lesquelles tu m’écrivais que tu m’aimais toujours.

Ne sachant plus comment en finir, Paul devint brutal.

— Tiens, Sarah, en voilà assez, dit-il. Nous nous sommes aimés, nous ne nous aimons plus, cela se voit