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si par malheur il doit venir jamais, je saurais me défendre ; je ne vous appellerai pas à mon aide. Vous n’avez qu’une seule chose à savoir et à répéter, si cela vous convient, c’est que je suis souffrante, très souffrante, et que je docteur Psaroff n’arrivant pas à me soulager, malgré toute sa science, je vais consulter à Paris de plus habiles que lui.

— Le docteur croit à ta maladie ?

— Est-ce que les femmes n’ont pas toujours à leurs ordres, malgré les médecins les plus clairvoyants, les maux dont elles ont besoin ?

— Lise, tout cela finira mal !

— Les choses ne finissent mal que pour les sots. D’ailleurs, à la grâce de Dieu !

Le ton sec, tranchant, presque cynique de la princesse en répondant à chacune des objections de sa mère ne permettait pas à celle-ci d’insister. Lise Olsdorf n’était vulnérable que sur un point : son amour maternel, mais la générale avait omis de lui parler de son fils, qu’elle devait laisser en Russie. Ce qu’elle redoutait pour sa fille, c’était de lui voir perdre la haute situation qu’elle lui avait conquises, et, dans son orgueil froissé par avance, elle n’avait pas songé à la seule arme dont elle aurait pu se servir avec quelque chance de succès.

— Alors, adieu ! lui dit-elle en se levant.

Et, sans même l’embrasser, elle sortit du salon.

La princesse ne chercha pas à la retenir et retourna présider à ses préparatifs de départ.

Elle avait décidé de n’emmener avec elle aucun domestique, pas même une femme de chambre, car c’eût été s’exposer, en raison de son état de grossesse, à être trahie un jour ou l’autre.

À l’observation que le prince lui avait faite affectueusement à propos de l’isolement dans lequel elle allait se trouver, elle avait répondu qu’il lui semblait de beaucoup préférable de prendre, une fois à destination, une femme de chambre et un valet de pied, pour les quelques semaines qu’elle comptait rester en France, plutôt que de s’embarrasser de gens étrangers à Paris et à ses mœurs,