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si évidemment préoccupé que plusieurs personnes lui demandèrent s’il n’était pas souffrant.

— Non, répondit-il, mais j’ai reçu de mauvaises nouvelles de Paris et je suis obligé de partir aujourd’hui.

À ce moment la princesse lui fit signe de venir à elle, et lorsqu’il l’eut rejointe, elle lui dit rapidement, à voix basse :

— Je sais ce qui s’est passé entre ma mère et vous, je vous attendrai chez moi après le déjeuner.

— Merci, murmura-t-il, merci !

La générale, qui arrivait au même instant au bras de son mari, ne s’aperçut de rien. Elle était décidée d’ailleurs à ne pas s’interposer entre sa fille et le peintre, afin d’éviter tout éclat. M. Meyrin partirait ; c’était là, pour elle, le point principal.

On se mit à table, mais Lise Olsdorf s’excusa bientôt de na pas tenir compagnie plus longtemps à ses hôtes, et une heure plus tard, pendant que les commensaux de Pampeln rentraient chez eux ou se répandaient dans le parc, Paul, après avoir fait par les grands salons un détour qui lui était familier, se glissait dans l’appartement particulier de la princesse.

Celle-ci l’attendait, impatiente, fiévreuse.

— Tu ne m’aimes donc plus ? s’écria-t-elle, en s’élançant vers lui, puisque tu t’es soumis aussi facilement aux ordres qu’on t’a donnés.

— Mme Podoï ne t’a pas dit de quoi elle me menaçait si je ne partais pas ? répondit-il, en rassurant sa maîtresse par mille baisers.

— Non, mais je crois ma mère capable de tout pour atteindre son but.

— Elle m’a tout simplement prévenu que si je ne quitte pas le château aujourd’hui même, je serai provoqué par son mari.

— Ce n’est pas possible !

— C’est comme cela et fort bien imaginé, car il est certain que si je me battais avec le général, je ne pourrais pas rester ici.