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— Je viens d’inviter M. Paul Meyrin à quitter Pampeln aujourd’hui même, répondit l’ex-comtesse Barineff.

La princesse comprit aussitôt et le colère fit monter le sang à son visage ; mais demeurant maîtresse d’elle-même, elle répondit avec calme :

— Pourquoi m’annoncez-vous cela, à moi ? Je pense que le prince vous a autorisée à prendre une semblable mesure à l’égard de l’un de ses hôtes ?

— Je n’ai consulté personne. Un plus long séjour de M. Meyrin ici provoquerait fatalement à la première heure quelque scène scandaleuse. Mon devoir était d’agir comme je l’ai fait.

— Ce jeune homme s’est rendu à vos ordres dans protester, sans se défendre ?

— Il partira ce soir.

— C’est bien, je le verrai dans un instant.

— Tu ferais mieux au contraire d’éviter tout entretien avec lui.

— Pourquoi cela, je vous prie ? Je veux savoir quels moyens vous avez employés pour obtenir de M. Paul Meyrin une soumission aussi prompte, aussi aveugle.

— Que t’importe !

— Il m’importe à ce point que si M. Meyrin est l’homme que je connais, il ne partira pas avant de m’avoir entendue.

— Alors tu seras seule responsable de ce qui arrivera.

— Qu’arrivera-t-il donc ?

— Tu le verras !

— Voyons, ma mère, cessons de parler par énigmes. Que supposez-vous ? De quel droit vous mêlez-vous de ce qui me regarde seule ?

— Ce que je suppose, ou plutôt ce dont je suis certaine, je ne te le dirai pas, par respect pour toi-même. Ce dont je me mêle, c’est de remplir un devoir. Après t’avoir élevée dans le but de te créer un avenir selon mon ambition, après avoir fait de toi une princesse, je ne te laisserai pas tout perdre pour un caprice ridicule.

Lise Olsdorf ne put réprimer un tressaillement de colère et de douleur. L’éclair de ses grands yeux dit à sa