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conséquemment, à renoncer à ses tête-à-tête quotidiens. Alors la passion de Lise reprit brutalement sa forme première.

Privée de ces entrevues au cours desquelles, satisfaite, assouvie, elle pouvait faire provision de calme pour le restant du jour, elle devint jalouse, inquiète, imprudente. Bientôt elle fut si peu maîtresse d’elle-même que la générale Podoï, servie par sa propre expérience en semblable matière, devina, en partie du moins, ce qui se passait.

Effrayée, non par vertu, mais en raison de l’affection toute faite d’orgueil qu’elle avait pour sa fille, des conséquences que pouvait avoir une semblable liaison, l’ex-comtesse Barineff surveilla plus attentivement la princesse, et il ne lui fut pas longtemps possible de conserver le moindre doute sur ses relations avec le beau peintre, car un soir elle les surprit à peu près dans les bras l’un de l’autre, sous cette même grande allée de Pampeln qui avait été le théâtre de l’explosion de leur amour.

La générale était, nous l’avons dit, une femme énergique ; aussi, sans tergiverser un seul instant, le lendemain matin, avant déjeuner, se présenta-t-elle dans la chambre de Paul Meyrin, sans même s’être fait annoncer.

Un moment stupéfait de cette visite, le Roumain fut bientôt fixé, car la mère de Lise lui dit immédiatement, sans préambule ni précautions oratoires :

— Monsieur, je tiens à vous inviter à faire aujourd’hui même vos adieux aux hôtes de Pampeln et à partir. Vous écrirez au prince, qui est absent pour toute la journée, que vous avez reçu de Paris des nouvelles vous y appelant sans nul retard.

— Je ne vous comprends pas, madame, balbutia la jeune homme.

— Il faut cependant me comprendre sans me forcer à m’expliquer davantage. C’est moi qui vous ai présenté au prince Olsdorf ; je suis donc jusqu’à un certain point responsable de vos faits et gestes sous son toit. Or, cette