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IV

LA GÉNÉRALE PODOÏ


Si j’étais un romancier naturaliste, je veux dire sans souci de la pudeur et du choix des mots, il me faudrait appeler ici la physiologie à mon aide pour peindre, dans toute sa brutalité, l’amour que ressentaient l’un pour l’autre la princesse Olsdorf et Paul Meyrin, et les lignes que je consacrerais à cette étude, ainsi que les scènes auxquelles elle donnerait lieu, seraient le clou de ce livre, selon l’expression consacrée. Elles en feraient probablement le succès, grâce à cette curiosité malsaine dont les lecteurs les moins blasés sont atteints aujourd’hui. Car nous vivons à un époque étrange où le cynisme règne aussi bien dans les lettres, dans les arts et les affaires que dans la politique. Serait-ce donc là le seul souverain que puisse accepter notre pseudo-république ?

En effet, jamais la licence n’a eu ses coudées aussi franches, jamais la médiocrité n’a mené aussi loin, jamais la hardiesse n’a fait monter aussi haut, jamais les œuvres médiocres, dramatiques ou littéraires, pourvu qu’elles soient habilement lancées, n’ont eu autant de succès. Notre pays, jadis réputé pour sa galanterie et son bon goût, est devenu la patrie du grossier et du vulgaire.

Ce nouvel état de choses est dû à des causes multiples : l’abandon de toute religion, la rapidité scandaleuse de certaines fortunes, l’âpre désir de jouissances de tous et aussi, il faut avoir le courage de le dire, l’invasion de ces innombrables Méridionaux, celle surtout de ces rastaquouères qui ont pris le haut du pavé, en apportant dans