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taille, que dessinait sa robe de toile aux couleurs éclatantes. Élevée au château jusqu’à sa quinzième année, Véra parlait purement le français, était un peu musicienne et avait une élégance native qui en faisait une ravissante enfant.

Son père, qui l’adorait, n’avait pu se décider jusqu’alors à s’en séparer, bien que Pierre Olsdorf la lui eût plusieurs fois demandée pour l’attacher à son fils en qualité, en quelque sorte, de sœur aînée.

Meyrin était trop artiste pour ne pas rendre hommage à la beauté de Véra, que la princesse avait tendrement embrassée, et pensant qu’il ne pouvait que lui faire plaisir, il lui dit en se rapprochant d’elle :

— Quelle jolie jeune fille ! Je croyais que dans ce pays, seules les femmes de votre monde pouvaient être aussi complètement belles.

— Vous voyez que vous vous trompiez, monsieur, fit Lise d’un ton un peu sec. Véra est, en effet, fort jolie. Elle n’est ni moins sage, ni moins modeste, et je l’aime beaucoup.

Puis, se dirigeant vers le groupe des chasseurs restés à cheval, elle laissa seul le peintre, qui se demandait avec inquiétude s’il ne venait pas de froisser une seconde fois celle dont, d’heure en heure, il se sentait plus vivement épris.

Quelques instants plus tard, les fanfares sonnèrent de nouveau, les chasseurs continuèrent leur route vers la Windau, et la princesse, remontée à cheval avec l’aide de son piqueur, donna le signal du départ. Elle voulait être rentrée au château pour le déjeuner.

De tous les hôtes du prince, Paul était le seul qui ne suivît pas la chasse, et il comptait bien profiter de cette circonstance pour provoquer une explication entre Lise et lui ; mais, pendant l’heure que mit la petite troupe pour retourner à Pampeln, il ne put se trouver seul un instant avec la princesse ; elle ne s’éloigna pas des voitures qui ramenaient sa mère et ses amies.

Furieux, désespéré, se demandant si Lise Olsdorf le craignait ou si elle n’était pas tout simplement une