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queurs qui sonnaient le départ et les ordres qui se croisaient, les chevaux, les oreilles droites et les crins au vent, piaffaient impatients sous leurs cavaliers, qui portaient tous le costume réglementaire que le prince avait mis à la mode l’un des premiers en Russie : pantalons larges, bottes à l’écuyère, jaquette croisée sur la poitrine et serrée à la taille par une ceinture armée d’un poignard circassien.

Devant le perron, stationnaient attelées de superbes bêtes que les cochers ne contenaient que difficilement, les troïkas destinées à la générale Podoï et à ses amies.

Mais Paul Meyrin ne voyait rien de tout cela. Ses yeux s’étaient attachés sur la princesse et ne pouvaient s’en détourner. C’est que dans sa robe d’amazone, chef-d’œuvre de quelque grand couturier de Paris, qui dessinait la finesse de sa taille et moulait les richesses de son corsage, Lise Olsdorf était admirablement belle. Sous son coquet chapeau Louis XV, ses traits si corrects avaient une expression mutine et hardie, et sa petite main gantée tenait avec tant de grâce et de fermeté les rênes du superbe pur-sang qu’elle montait, que le Roumain, émerveillé, s’était arrêté à quelques pas de la jeune femme sans penser même à la saluer.

Ce fut seulement à la voix de la princesse qu’il revint à lui.

— Vous n’êtes pas des nôtres ? lui demandait-elle d’un ton enjoué. À quoi donc pensez-vous ?

— Oh ! pardon, madame, pardon, fit le Roumain en se découvrant, j’admirais.

Il n’avait pas osé dire : Je vous admirais, mais Lise Olsdorf avait compris.

— Ce n’est pas une réponse, reprit-elle en souriant. Tenez, deux chevaux sont là-bas tout sellés ; mais peut-être n’êtes-vous pas cavalier et nos kleppers, je vous en préviens, ne sont pas commodes.

— Je ne serais ni de ma race, ni de mon pays, madame, si je ne montais pas à cheval.

Et sur un signe de lui, le palefrenier qui tenait les deux