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bourg, et l’hôtel Olsdorf rouvrit ses salons, d’où la princesse s’échappait souvent pour rester auprès de son fils.

Lise était une excellente mère et, pendant près de deux ans, elle ne s’éloigna pas de son enfant un seul jour, hésitant même à le confier pendant quelques heures à des mains étrangères, veillant sur son sommeil lorsqu’il était le plus légèrement troublé.

Cet amour maternel si complet, si tendre, si dévoué, lui fit un peu délaisser son mari et l’éloigna surtout du genre de vie qu’il menait à Pampeln. Elle l’y suivit bien de nouveau, mais elle l’accompagnait rarement à la chasse et dans ses excursions sur les bords du golfe de Livonie. Cela eut pour résultat de faire naître entre les deux époux une sorte de froideur qui ne pouvait que croître de jour en jour. La générale Podoï vit bientôt ce qui se passait et elle en fit à sa fille des observations, qui ne lui valurent que cette réponse :

— Que voulez-vous, mère, le prince est certes le plus galant homme du monde, mais il est loin d’être l’époux que j’avais rêvé. Il n’a jamais aimé et n’aimera jamais avec passion que ses chevaux et ses chiens ; j’en suis bien convaincue.

La princesse avait prononcé ces mots d’une voix si mordante et avec un si étrange éclair de ses beaux yeux, que l’ex-comédienne, dans son expérience de ces sortes de choses, avait eu comme un pressentiment de quelque catastrophe dans l’avenir. Elle s’était bien gardée toutefois de paraître inquiète ; elle s’était contentée de sourire, mais en se promettant de veiller.

Cependant, tout à coup, lorsque son fils eut atteint sa troisième année, c’est-à-dire lorsque ses soins de chaque instant lui semblèrent moins indispensables, la princesse parut retourner un peu aux plaisirs mondains. On la revit d’abord au théâtre Michel,  puis elle reprit ses jours de réception, en ouvrant sa porte aux artistes étrangers que sa mère lui présentait, et bientôt on salua triomphalement sa réapparition aux bals de la Cour. Enfin, quand les grands jours de Pampeln recommencèrent, elle redevint, à l’étonnement, mais aussi à la