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Quant à l’appartement particulier de la princesse, celle-ci put croire en y entrant qu’elle n’avait pas quitté son hôtel de Saint-Pétersbourg, tant son mari en avait soigné l’ameublement et les moindres détails.

Indépendamment des grands appartements et des salons de réception, Pampeln avait encore quarante chambres d’amis. Les écuries pouvaient recevoir cent chevaux au moins, et les chenils contenaient les plus belles meutes du pays.

Dans les communs, à l’extrémité d’un parc immense, ombreux, plein d’arbres centenaires, habitaient les piqueurs, les palefreniers, tous les gens, au nombre de quarante à cinquante, qui n’étaient pas du service intérieur de la maison. Avec les gardes qui surveillaient ses étangs et ses bois, le châtelain de Pampeln avait ainsi à ses ordres une véritable petite armée disciplinée, aguerrie, entièrement dévouée.

On conçoit aisément l’orgueil que ressentit Lise Olsdorf lorsque, quelques jours après son arrivée, le prince lui fit parcourir ce splendide domaine dont elle devenait la souveraine et voulait être la bienfaitrice.

Une semaine plus tard, sa mère et le général Podoï firent leur apparition. Bientôt dix, vingt invités les suivirent, et les grandes chasses commencèrent.

Mais la princesse eut à peine le temps de s’accoutumer à ces plaisirs bruyants. Devenue enceinte, il lui fallut se condamner à un repos relatif, ce dont elle prit d’ailleurs son parti avec bonheur.

Dès ce moment, elle se contenta d’accompagner les chasseurs en voiture aussi loin que le permettait l’état des chemins ; ensuite, en compagnie de sa mère et de quelques amies, elle rentrait au château pour en faire le soir les honneurs avec un charme et un entrain qui séduisaient tous les hôtes de Pampeln.

À la fin du mois d’août, Lise, à la grande joie de son mari, mit au monde un fils qu’on nomma Alexandre, et cet événement donna lieu à des fêtes qui terminèrent princièrement la saison d’automne.

En septembre, tout le monde rentra à Saint-Péters-