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Le petit prince et sa sœur étaient sortis avec Mme Daubrel.

— Que vous êtes belle ! Et vous êtes aussi bonne que belle, dit Lise à la jeune fille qui, sans qu’elle eût eu le temps de s’y opposer, lui avait baisé la main, comme autrefois. Que vous êtes bien digne d’être aimée !

— Madame la comtesse, fit Véra en rougissant.

— Oh ! je ne suis pas jalouse, reprit Mme Meyrin avec un douloureux sourire. Vous les aimerez toujours, n’est-ce pas, lorsque je serai morte ? Car je vais mourir, je le sais, je le sens ! Je viens de leur donner ce que Dieu m’avait laissé de force pour les revoir. Sans vous, que deviendraient-ils, sans une mère pour les défendre ? Jurez-moi que vous ne les quitterez jamais ! Je m’en irai à Dieu reconnaissante et résignée.

— Je vous le promets, madame ; je vous le jure sur mon salut éternel.

— Merci ! murmura Lise d’une voix à peine perceptible et en fermant les yeux.

Épouvantée, Véra se releva brusquement. Pensant que la malade allait mourir, elle appela Mme Daubrel. Celle-ci accourut avec Dumesnil, en laissant Alexandre et Tekla dans le salon voisin, sous la garde de la sœur de charité.

Mais la dernière heure de l’abandonnée n’avait pas encore sonné ; son cœur battait doucement ; de ses doigts crispés, elle froissait par moments les draps de son lit, en tentant de les ramener sur elle, avec ce geste familier aux moribonds.

Mme Meyrin fut jusqu’au soir dans cet état, puis au moment où Marthe se disposait à conduire le fils de Pierre et sa sœur dans la chambre qu’on avait préparée pour eux, elle rouvrit les yeux, parcourut l’espace d’un regard absent et bégaya :

— Mes enfants !

Mme Daubrel les amena près du lit. Leur mère les reconnaissait à peine.

On entendit au même instant une voiture s’arrêter devant la maison ; un coup de timbre résonna, quelques