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— Me promettez-vous de rester calme ? lui demanda-t-elle de sa douce voix.

— Oui, fit Lise lentement, comme si elle cherchait à comprendre pourquoi cette question lui était adressée.

Mais tout à coup elle s’écria :

— Mes enfants ! mes enfants !

Son cœur de mère avait deviné. Est-ce qu’un autre bonheur que celui de revoir ces êtres chéris pouvait lui être donné !

Et, se levant à demi, elle reçut dans ses bras Alexandre et Tekla qui, amenés sur le seuil de la chambre, avaient entendu son cri et s’étaient élancés vers elle. En les prenant contre son sein, en les dévorant de ses baisers, en les inondant de ses larmes, en les caressant de ses sourires, elle répétait :

— Mon fils, ma fille ! Dieu soit béni !

Elle les éloignait un peu, oh ! seulement à la longueur de ses bras, pour les mieux regarder, pendant quelques secondes, puis elle les ramenait sur son cœur, et c’étaient alors de nouveaux baisers, de nouvelles larmes, mille tendresses enfin auxquelles ses enfants ne répondaient que par leurs baisers, leurs larmes, leurs tendresses et par un seul mot : maman.

Si grand que fût le bonheur de la pauvre femme, à cause même de l’immensité de cette joie, Mme Daubrel pensa qu’il serait prudent de lettre fin à cette scène si touchante :

— Vous m’avez promis d’être sage et calme ; dit-elle à Lise, en appelant Alexandre et Tekla du regard.

— Déjà ! murmura Mme Meyrin, qui avait compris. Vous voulez déjà le mes enlever ? Déjà !

— Non pas, mais il vous faut un peu de repos. Ils ne quitteront pas la maison.

— Je vous le promets, madame la comtesse, affirma la fille de Soublaïeff, en prenant les enfants par la main.

— Ah ! c’est vous, Véra ! Pardonnez-moi ; j’étais toute à eux. Confiez-les à mon amie ; vous, venez là, près de moi, pendant que je puis parler encore.