Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pendant ce temps-là, Marthe se faisait conduite au Grand-Hôtel.

Véra Soublaïeff y était arrivée la veille au soir, avec Alexandre et Tekla. Lorsqu’on lui annonça Mme Daubrel, elle eut le pressentiment d’un malheur et, laissant le petit prince et sa sœur sous la garde de Mme Bernard, elle passa rapidement dans le salon où la visiteuse avait été introduite.

— Mademoiselle, lui dit celle-ci, en reconnaissant Véra dans cette belle personne à la physionomie douce et sérieuse tout à la fois, Mme Meyrin se meurt ; si vous voulez qu’elle puisse embrasser son fils et sa fille, vous n’avez plus une seconde à perdre.

— Vous êtes madame Daubrel, n’est-ce pas, répondit la jeune fille, cette amie si dévouée dont Mme la comtesse m’a parlé à Pampeln ? Oui, certes, je vais lui rendre ses enfants. Le prince, que j’attends d’une heure à l’autre, me pardonnera d’avoir agi sans un ordre de lui. Pauvre mère !

Elle avait sonné et donné l’ordre au valet de pied venu à son appel de faire avancer une voiture.

— Vous êtes bien la noble créature que nous aimons tous, fit Marthe en lui tendant la main.

— Je ne vous demande que le temps d’écrire deux lignes pour le cas où le prince Olsdorf arriverait pendant mon absence. Je vais prier la gouvernante de tenir prêts les enfants. Partez, nous serons rue d’Assas en même temps que vous !

— Merci, mademoiselle, merci ! Dieu vous bénira !

Et, s’échappant vivement, Mme Daubrel rejoignit sa voiture.

Dix minutes après, Véra montait avec Alexandre et Tekla dans le landau qui attendait devant le perron du Grand-Hôtel. Le jeune prince été sa sœur savaient qu’ils allaient revoir leur mère et qu’elle était dangereusement malade. Alexandre, qui avait le tempérament de son père, était grave ; sa pâleur seule trahissait son émotion. Tekla pleurait dans les bras de la fille de Soublaïeff.

Moins d’un quart d’heure plus tard, le landau s’arrêtait