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adressées à Véra à l’époque de la maladie d’Alexandre.

— Ma chère Lise, dit Mme Daubrel, après avoir répondu à l’étreinte de l’ex-comtesse Barineff, je vous apporte une bonne nouvelle.

— Mes enfants ? demanda l’infortunée avec un inexprimable accent de tendresse.

— Oui, vos enfants et le prince Olsdorf. Celui-ci me télégraphie qu’il sera à Paris dans moins de quarante-huit heures, en même temps que votre fils et votre fille. Ils ont dû quitter Pampeln il y a déjà deux jours.

— Le ciel soit loué ! D’où le prince vous a-t-il expédié cette dépêche ?

— De Rome.

— De Rome ! de Rome ? Pourquoi est-il allé dans cette ville ? Ce n’était pas son chemin pour venir de Brindisi à Paris. Marthe, vous me cachez quelque chose !

Elle s’était péniblement soulevée, les yeux démesurément ouverts.

— Je vous jure, répondit Mme Daubrel ; lisez vous-même.

La condamnée parcourut le télégramme que lui présentait son amie, et, retombant étendue, brisée, à demi morte, on l’entendit murmurer :

— De Rome ! Et Pierre Olsdorf revient près de moi, madame Meyrin ! Oh ! mon Dieu, mon Dieu !

— Calme-toi, je t’en supplie, lui dit sa mère ; ce sont toutes ces émotions-là qui te font mal.

Mais la malheureuse femme paraissait ne rien entendre, ses regards erraient dans le vide, ses lèvres décolorées prononçaient des mots sans suite. Aux prises avec quelque terrible hallucination, de ses mains amaigries, diaphanes, exsangues, elle semblait repousser des fantômes se pressant autour d’elle.

Cet état se prolongea près d’un quart d’heure, durant lequel la générale et Marthe épouvantées crurent qu’elle allait mourir. Cependant, bientôt la pauvre martyre devint plus tranquille et un peu de sang remonta à son visage.

Quelques instants après, lorsqu’elle eut tout à fait