Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvait guère, dans la plupart, que le samovar, tout prêt pour faire le thé.

Après trois jours de route avec stations forcées à Pskow, Dünabourg et Riga, le prince et ses gens atteignirent enfin le but de leur voyage.

Il faisait nuit et la princesse ne put voir du château que son aspect monumental, mais le lendemain, elle dut reconnaître que tout ce qu’on lui avait dit de Pampeln était en deçà de la vérité.

Élevé sous le règne de l’impératrice Anne sur une éminence qui dominait la Windau, le manoir des Olsdorf se ressentait de l’éclectisme qui présidait au dix-huitième siècle à l’architecture russe. Après avoir été tantôt grecque, tantôt italienne, cette architecture ne reprit un caractère vraiment national que sous le czar Nicolas. Mais si, comme construction, le château, un peu lourd et massif, n’offrait rien de remarquable que ses dimensions colossales, le domaine de Pampeln n’en était pas moins le plus important du pays, par son étendue, la richesse de son sol et l’immensité de ses forêts.

Véritable gentleman-farmer, ainsi que l’avait été son père, le prince Pierre surveillait tout par lui-même, montant parfois à cheval dès le lever du soleil pour visiter les points les plus éloignés de ses propriétés, et n’ayant pas seulement souci de l’amélioration de ses terres, mais s’occupant aussi avec un soin constant, ainsi que nous l’avons écrit plus haut, du bien-être de ses fermiers.

À l’intérieur, le château était installé avec autant de luxe que de confortable.

Les boiseries de cèdre de la grande salle à manger Henri II avaient été sculptées par les meilleurs ouvriers des Flandres ; la salle d’armes, dont les larges fenêtres ogivales ouvraient sur le parc, renfermait les plus curieuses collections d’armes de toutes les époques, depuis les lourdes armures damasquinées des aïeux des Olsdorf jusqu’aux fusils modernes ; et la chapelle, desservie par un pope qui habitait le château toute l’année, était une merveille de l’art byzantin.