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leur fonctions ni par leurs affaires prirent leur vol.

Les uns se dirigèrent vers Yalta pour se trouver aux bains de mer de Crimée en même temps que la Cour, qui se transporte tous les ans, pendant l’été, au palais du Livadia ; les autres vers le Caucase pour y chasser l’ours et le lynx. Beaucoup se disposèrent à venir reprendre à Paris et dans les stations balnéaires de la Manche leur place dans cette charmante colonie russe, si vraiment française par son élégance et ses goûts.

Le moment était donc arrivé pour le prince Olsdorf de gagner ses domaines. Depuis longtemps il avait donné ses ordres à Pampeln ; de plus, ainsi que nous l’avons dit, il était allé s’assurer par lui-même que tout y était prêt pour recevoir non seulement la princesse, mais encore le général Podoï, sa femme, et les nombreux invités qui étaient conviée à passer la belle saison en Courlande.

Un peu fatiguée des bals et des fêtes, Lise Olsdorf ne désirait pas moins que son mari quitter la ville, de sorte qu’au jour fixé elle ne fit pas attendre la chaise de poste qui allait la transporter à Pampeln.

À l’époque où nous sommes, en 1860, le chemin de fer qui relie aujourd’hui Saint-Pétersbourg à Königsberg, en passant par Riga et Mittau, n’existait pas encore, et il n’y avait pas moins d’une centaine de lieues de l’hôtel de la Moïka au château des Olsdorf.

Le prince n’emmenait avec lui, en Courlande, que son valet de chambre Ivan, un brave serviteur qui l’avait pour ainsi dire vu naître ; son cuisinier, ancien chef de l’ambassade de France, et deux femmes du service de la princesse. L’une de ces femmes était Française. La générale Podoï l’avait cédée à sa fille lorsque celle-ci s’était mariée, certaine ainsi d’être toujours au courant de ce qui se passerait dans le jeune ménage quand il serait loin d’elle.

Ces domestiques suivaient leurs maîtres dans une grande berline, qui emportait en même temps les provisions nécessaires, car il fallait peu compter alors sur le confortable des hôtels dans les villes à traverser. On ne