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mari, et elle s’était contentée de répondre ces quelques lignes sèches et blessantes, qui prouvaient bien qu’elle était loin d’avoir pardonné à sa fille, ainsi que celle-ci avait le droit de l’espérer, en raison des termes dans lesquels elle s’était séparée de sa mère à Pampeln :

« Je suis certainement affectée du mauvais état de santé de Lise, mais elle se remettra bientôt, j’en suis certaine, en oubliant son second époux comme elle a oublié le premier. Lorsqu’au commencement de l’hiver j’irai à Paris, je la retrouverai aussi bien portante que jamais et, qui sait, peut-être disposée à divorcer une seconde fois.

« Vous pouvez lui dire, en attendant, que j’ai eu dernièrement de bonnes nouvelles de mes petits-enfants, Alexandre et Tekla, pour lesquels Véra Soublaïeff est toujours une excellente mère. »

Mme Daubrel s’était gardée de communiquer cette triste missive à Mme Meyrin ; elle avait trouvé préférable de lui laisser croire que la générale ignorait qu’elle fût souffrante, et de lui dire, pour la rassurer, qu’elle avait reçu de Saint-Pétersbourg l’avis de son voyage à Paris, vers le mois de novembre.

Elle avait fait davantage.

D’accord avec Dumesnil, elle avait adressé au prince Olsdorf une première lettre pour lui dépeindre la position de Lise, la conduite indigne du peintre, l’isolement où elle vivait, puis une seconde, pour l’informer que les médecins condamnaient irrémédiablement celle qui avait été sa femme, qu’elle n’avait plus que quelques mois, peut-être quelques semaines à vivre, et qu’il serait généreux de lui laisser embrasser ses enfants avant de mourir.

N’ignorant aucune des circonstances qui avaient précédé son divorce, Marthe terminait ainsi sa seconde lettre au prince Olsdorf :

« Prince, il y a longtemps que je vis auprès de celle qui a eu l’honneur de porter votre nom, et je vous jure devant Dieu, que, depuis trois années, elle expie cruellement la faute dont elle s’est rendue coupable envers