Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même le regretter. Décidée alors à mener une vie exemplaire, ne voulant plus savoir si elle étant encore jeune et belle, Marthe s’isola et rompit avec toutes ses relations, sauf avec Mme Frantz Meyrin. Celle-ci n’avait cessé de lui témoigner une grande affection pendant ses épreuves, mais elle ne se décida cependant à se montrer dans son salon que plus de deux ans après le drame conjugal dont elle avait été la triste héroïne.

Là, comme nous l’avons vu, elle connut la princesse Olsdorf, vers laquelle l’attirèrent une sympathie instinctive et la ressemblance qu’il y avait entre son passé à elle et le présent de la grande dame étrangère.

Pendant ce temps, Mme Percier avait obtenu de M. Daubrel d’avoir tous les mois des nouvelles de son petit-fils et elle les communiquait à sa fille, dont c’étaient là les seuls moments vraiment heureux, bien qu’ils lui rappelassent de terribles jours. La veuve, touchée du repentir de Marthe, ne manquait jamais, en répondant à son gendre, de lui dire combien sa femme s’efforçait de racheter sa faute, et Raymond, après avoir évité pendant plusieurs années d’aborder ce sujet si pénible pour lui, en était arrivé peu à peu à paraître se désintéresser moins de ce que devenait celle qui portait toujours son nom.

Mme Daubrel se reprenait alors à l’espérance de revoir un jour son enfant. En effet, en réponse à une lettre dans laquelle l’épouse coupable implorait le pardon de son mari, celui-ci avait écrit : peut-être ! en lui envoyant les baisers de son fils, qui était élevé dans le respect et l’amour de sa mère.

C’est là où en étaient les choses dans ce ménage séparé de corps, lorsque, moins de trois ans après son divorce et son mariage avec Paul Meyrin, l’ex-princesse Olsdorf était devenue la délaissée dont nous avons tenté de peindre les humiliations et les douleurs.