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nonçait la séparation de corps au profit du mari, entre M. et Mme Daubrel.

Cette condamnation n’avait été prononcée contre M. Prémontier que par défaut, car il s’était enfui à l’étranger, abandonnant lâchement à son désespoir celle qu’il avait perdue, mais Mme Percier faillit en mourir de honte et de douleur.

Elle ne parlait de rien moins que de ne jamais revoir sa fille.

Quant à Marthe, elle était toujours enfermée à Saint-Lazare, dans un état de prostration morale et physique dont rien ne saurait donner une idée, lorsqu’elle fut informée que son mari avait quitté Paris pour retourner à New-York, après avoir laissé à son caissier le soin de la liquidation de sa maison.

M. Daubrel avait emmené son fils, sans même le faire conduire auprès de sa mère pour l’embrasser.

À cette nouvelle, la pauvre détenue pensa devenir folle. Ainsi, c’en était fait, tout s’écroulait autour d’elle, tout lui échappait. Son amant, qui s’était si odieusement dérobé, alors qu’il aurait dû être là pour la soutenir, elle ne voulait plus le revoir, comprenant le vide de cet amour auquel elle avait si naïvement cru ; sa mère à elle la repoussait et son fils lui était enlevé. Sa santé fut si profondément atteinte par toutes ces épreuves que, pendant plusieurs semaines, on craignait pour sa vie. Mme Percier était accourue à la prison, et après avoir obtenu, par télégramme, de M. Daubrel, l’autorisation de la mise en liberté de Marthe, l’avait fait transporter dans son appartement, où, quatre mois plus tard, l’épouse adultère accoucha, en répandant des larmes de honte, d’une enfant qui ne vécut pas un mois.

Durant de longs jours, l’infortunée fut en danger, mais sa jeunesse fut plus forte que le mal et peu à peu elle se rétablit, pour ne plus vivre qu’avec ses regrets et ses remords.

Son séducteur, Robert Prémontier, avait succombé à l’étranger, à la suite d’une vie d’excès et de débauche, sans même lui avoir écrit une fois. Son cœur ne pouvait