Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la maison Percier, de Paris, dont il était l’associé, Raymond Daubrel avait été envoyé en France par son père à la mort de M. Percier, de qui la femme était restée intéressée dans les affaires.

Mme Percier avait alors une fille de dix-sept à dix-huit ans, jolie, douce, bien élevée, bonne musicienne, dont la jeunesse fit grande impression sur M. Daubrel. N’ayant à Paris aucun parent, s’y trouvant fort isolé et le sérieux de son esprit le rendant peu propre à des liaisons faciles, il vivait forcément dans l’intimité de la veuve de l’ancien associé de son père. Bientôt il devint épris de cette jeune fille, qui était d’ailleurs un parti fort honorable, et demanda sa main. Mme Percier, femme maladive et d’un caractère un peu triste, consulta Marthe pour la forme, et ce mariage d’affaires fut conclu moins de six mois après l’arrivée de M. Daubrel en France.

Mme Percier avait vu dans cette union le moyen de ne pas se séparer de sa fille, son gendre devant rester à la tête de la maison de Paris. Quant à Marthe, qui n’avait jamais fait aucun rêve d’amour, malgré son cœur tendre et son esprit un peu romanesque, elle avait accepté sans enthousiasme, mais aussi sans répugnance, le premier époux qu’on lui eût offert.

La mort de son père étant survenue au moment où elle allait faire son entrée dans le monde, elle n’avait jusque-là rencontré personne qui lui plût, et ce dont elle pouvait être certaine, c’est que M. Daubrel était un excellent homme, un peu bourgeois peut-être, mais de bonne tournure, plutôt bien que mal au physique, et qui ferait assurément tout son possible pour la rendre heureuse. Sa position de fortune était de beaucoup supérieure à celle de sa jeune femme. Celle-ci ne lui apportait en dot qu’une centaine de mille francs, tandis qu’il en avait déjà près du double, sans compter ce que lui laisserait un jour son père et les bénéfices considérables que lui donnait la maison de commission dont il devenait le chef en France.

Une fois mariés, M. et Mme Daubrel s’installèrent dans un bel appartement du faubourg Poissonnière, à deux