Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Isaac, où allait se célébrer la cérémonie, était-elle aussi fraîche qu’éblouissante, dans sa robe de moire blanche recouverte de merveilleuses dentelles qui avaient appartenu à la mère de son mari.

Son entrée dans la basilique, au bras du général Podoï, fut un véritable triomphe. Pour rien au monde, le vieux soldat n’aurait cédé à personne le droit de conduire à l’autel, en qualité de « père d’honneur », celle qu’il considérait de plus en plus comme sa fille, et Lise dut traverser, pour gagner le fauteuil armorié qui l’attendait, une foule sympathique, composée de toute la noblesse de Saint-Pétersbourg. C’était un éblouissement d’uniformes chamarrés, de costumes de gala, de diamants et de beautés.

Le prince donnait le bras à l’une des plus grandes dames de la Cour, la princesse Iwacheff, qui lui servait de « mère d’honneur » et n’était pas sa parente, ainsi que le veut la coutume.

La comtesse Barineff venait ensuite, mais si satisfait que fût son orgueil, elle restait calme et digne. On eût dit qu’elle était par droit de naissance de ce monde où son héritière allait être à l’un des premiers rangs.

L’Empereur avait envoyé un de ses aides de camp ; l’archiprêtre lui-même officia, et lorsque la fille de l’acteur Dumesnil fut devenue princesse, elle reçut avec une tenue parfaite les compliments de ceux qui défilèrent devant elle.

Quelques heures après, un dîner absolument princier réunit à l’hôtel Olsdorf plus de cent convives, et le lendemain commença pour Lise cette grande existence à laquelle on l’avait préparée depuis si longtemps.

Le prince avait formé le projet de partir pour Pampeln aussitôt après son mariage, mais la saison était déjà avancée, l’hiver venait rapidement, et la comtesse Barineff lui fit observer qu’il ne pouvait ainsi priver sa jeune femme des fêtes auxquelles elle serait invitée à Saint-Pétersbourg, pour l’enfermer dans son château à une époque de l’année où il restait forcément un peu désert.

Autant par déférence pour sa belle-mère que par affec-