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— Parbleu ! quitter son mari, déserter le domicile conjugal, cela doit vous paraître tout naturel, à vous aussi !

À cette lâche et misérable allusion à son passé, Mme Daubrel étouffa un cri d’indignation, pour répondre doucement :

— C’est mal, monsieur, ce que vous dites là ; vous le savez bien, je trouve sans excuse celle qui oublie ses devoirs d’épouse.

— Oui, c’est vrai, je vous demande pardon, reprit le peintre, honteux de s’être laissé emporter. C’est que, voyez-vous, tout cela est fort triste. Que Lise aime son fils, je ne l’en blâme pas ; mais elle n’a pas réfléchi aux conséquences que peut avoir son départ. D’abord, elle aurait dû me demander l’autorisation de faire ce voyage ; de plus, de quoi aurai-je l’air lorsque l’on saura qu’elle est allée retrouver son premier mari ?

On le voit, chez M. Meyrin, l’orgueil seul parlait toujours.

— Son premier mari, observa Marthe, il n’est plus en Russie ; on ignore même le pays qu’il parcourt en ce moment.

— Rappelé pour la maladie de son fils, il peut revenir tout à coup à Pampeln.

— C’est peu probable.

— Cela pourrait arriver et je jouerais alors ici un joli rôle pendant que ma femme… Tenez, je ne lui pardonnerai jamais !

— Vouliez-vous donc qu’elle laissât mourir son enfant ?

— Son enfant, il est ici ! C’est Marie ; elle n’en a plus d’autres, puisque le prince Olsdorf lui a enlevé Tekla. Ah ! cet homme, je le hais ! Que le ciel ne me mette jamais en face de lui ! Mais, en abandonnant sa maison, Mme Meyrin m’a rendu ma liberté. J’en userai, je vous le jure ! Elle peut revenir quand elle le voudra ! Peut-être, à mon tour, serai-je loin !

— Et votre fille ?

— Ma fille ! Eh bien ! vous lui servirez de mère en at-