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seulement la mère de votre fille ! Adieu ou au revoir, comme il vous plaira !

Et, d’un geste impératif, défendant au peintre de l’accompagner, elle sortit.


V

DIVORCE, SÉPARATION


Ce furent pour Mme Paul Meyrin de bien tristes jours que ceux qui suivirent cette horrible scène du boulevard de Clichy.

Rentrée chez elle dans un état inexprimable de douleur et d’abattement, blessée dans son orgueil autant que dans son amour, rougissant de n’avoir pas supporté avec plus de dignité le choc qui l’avait atteinte, elle ferma sa porte à tout le monde, même à Mme Daubrel et à Dumesnil.

Le soir, quand ces deux fidèles se présentèrent, on leu répondit que la maîtresse de la maison était malade et reposait. Elle ne voulait pas qu’ils pussent lire ses souffrances sur son visage, et elle ne voulait pas non plus attrister par le récit de ses peines ces deux cœurs si dévoués, résolue qu’elle était à se taire et à boire jusqu’à la lie le calice de l’amertume où elle avait trempé ses lèvres.

Le lendemain, dans la matinée, lorsque Paul, forçant la consigne, franchit presque de force le seuil de sa chambre à coucher, Lise prit son enfant dans ses bras, comme pour en faire entre elle et son mari une infranchissable barrière, pour qu’il comprît bien que l’épouse trahie se réfugiait tout entière dans son amour maternel. Vainement il entassa mensonges sur mensonges pour tenter de