Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sommes là, ma chère enfant. Je te croyais vraiment plus d’esprit. Tu m’en veux donc toujours ?

— Eh ! pourquoi vous en voudrai-je ? répondit-elle en se coiffant avec un mouvement plein de grâce qui faisait valoir les richesses d’un buste superbe dont il avait gardé mémoire. Dieu merci ! il y a longtemps que le passé est mort et enterré. C’est justement parce que je ne veux par trop me rappeler les jours de misère que je ne tiens pas trop me rappeler les jours de misère que je ne tiens pas à vous rencontrer. Il paraît que vous commencez à en avoir assez du ménage et des mioches. Dame ! la lune de miel, ça ne dure pas longtemps, surtout lorsqu’on en a mangé par avance le premier quartier. De plus, voyez-vous, les princesses, c’est tout comme les autres femmes : dès qu’on les a épousées, on en a bientôt par-dessus les épaules, jusqu’au moment où elles vous en mettent par-dessus la tête. Allons, viens-tu, Raoul ? Quant à toi, Robert, tu me feras avertir lorsque tu seras certain de ne pas recevoir d’importuns, sinon tu demanderas à une femme du monde de poser pour finir ta Phryné, si toutefois tu peux en trouver une assez belle pour te servir de modèle.

Et après avoir saisi le bras de Martel, que cette petite scène n’amusait pas moins que ses amis, bien qu’il fût en ce moment l’amant préféré, Sarah l’entraîna et sortit en adressant à l’époux de l’ex-princesse Olsdorf un cérémonieux salut.

Meyrin le lui rendit et s’écria, en se retournant vers ses confrères :

— En voilà une réception ! Peste ! notre bonne Sarah a de la rancune !

— Ou encore de l’amour, riposta Robert Aubrey, en abandonnant son chevalet. Si tu l’avait quittée pour une demoiselle quelconque, il y a beau temps qu’elle t’aurait oublié et pardonné, mais tu l’as plantée là pour te marier, pour épouser une grande dame, mieux encore, une femme adorable et remarquablement belle !

— Ce qu’elle doit être enchantée en ce moment de sa petite scène ! dit à son tour Gaston Breil. Supposant bien qu’elle vous rencontrerait un jour, elle avait préparé ça