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courait chez Mme Daubrel, qui pleurait avec elle et s’efforçait de la consoler. Elle revenait ensuite rue d’Assas, où un baiser de Paul achevait de lui rendre le calme. L’amour de l’ex-princesse Olsdorf pour celui dont elle portait maintenant le nom était toujours le même ; elle était toujours passionnément éprise de cet homme auquel, dès la première heure, elle s’était si complètement livrée.

Paul Meyrin, lui, n’avait pas non plus changé ; il était resté l’amant d’autrefois. Sa femme demeurait pour lui la maîtresse adorée, folle, enivrante. Orgueilleux de sa distinction et de sa beauté, il se montrait partout avec elle et recevait de nombreux amis : peintres, littérateurs, artistes, tous enthousiastes de cette noble étrangère qui, pour épouser l’un des leurs, avait abandonné sans regret un titre de princesse et une haute position sociale.

Lise n’avait rien omis, d’ailleurs, pour se faire aimer de ce monde impressionnable à l’excès et devenu le sien.

D’abord les visiteurs n’étaient entrés chez elle qu’avec un sentiment de défiance, peut-être même une intention de moquerie, car ils s’étaient demandé ce qu’allait être pour eux cette grande dame russe accoutumée à tous les hommages et qui les estimerait trop heureux d’être reçus par elle ; mais à chacun d’eux il avait suffi de quelques instants d’entretien avec Mme Meyrin pour la proclamer adorable. Pour tous, elle s’était montrée simple, douce, prévenante.

Excellente musicienne, ses confrères en cet art avaient trouvé en elle une nature digne de les comprendre et une artiste de premier ordre pour les interpréter. Les peintres la déclarèrent bientôt excellent juge et critique aussi juste que bienveillant, de même que les hommes de lettres, dont certains s’accoutumèrent à lui soumettre leurs idées et à lui demander des conseils. Aussi l’atelier de la rue d’Assas ne tarda-t-il pas à être un lieu de réunion fort recherché. L’ex-princesse Olsdorf était heureuse et fière d’en faire les honneurs.

C’était bien là l’existence qu’elle avait rêvée auprès de celui qu’elle aimait et qui, grâce à elle, deviendrait célèbre. Le jour, pendant que Paul travaillait à quelque