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se consacrait entièrement, à Pampeln, aux pauvres petits délaissés confiés à ses soins, Mme Paul Meyrin trouvait l’oubli du passé dans l’amour de celui qu’elle avait choisi. Seul, le souvenir de ses enfants, dont elle était séparée pour toujours, lui revenait parfois douloureusement au cœur, et lorsque sa mère voulait bien, de loin en loin, lui donner de leurs nouvelles, ses yeux se remplissaient de larmes.

On devine aisément, son caractère étant connu, que la générale Podoï ne manquait jamais de remplir ses lettre à sa fille de reproches et de comparaisons blessantes. Comme si elle n’eût pensé qu’à humilier et à éveiller en elle des sentiments de jalousie, elle ne lui parlait de Véra que dans les termes les plus élogieux.

« Cette jeune fille est irréprochable, lui écrivait-elle, cinq ou six mois après son mariage ; à Pampeln, tout le monde l’aime, la respecte et lui obéit. Personne n’oserait élever le moindre doute sur sa vertu ni sur la pureté des rapports qu’elle a eus avec le prince pendant son voyage à Paris. Elle est absolument maîtresse du château, où bientôt on ne se rappellera plus ton nom. Ton fils Alexandre lui-même, l’oubliera pour ne connaître que celui de celle qui est devenue sa véritable mère. Quant à Tekla, elle ne le prononcera probablement jamais.

« C’est par la bonne madame Bernard, la gouvernante de ton fils, que je sais ce qui se passe en Courlande ; le prince l’a autorisée à me tenir au courant de la santé des enfants. Tu penses bien que je ne retournerai plus à Pampeln. Je ne veux pas m’exposer à rougir de toi.

« On dit à Saint-Pétersbourg que Pierre Olsdorf est en ce moment au Japon ; mais il ne correspond qu’avec Véra. Seule, elle sait exactement où il se trouve.

« Voilà ce que ta folie a fait de mon rêve ambitieux. Dieu veuille que de plus grands malheurs ne te soient pas encore réservés ! »

Lorsque la pauvre Lise avait reçu l’une de ces lettres dans lesquelles sa mère se montrait ainsi sans pitié, elle se gardait bien de la communiquer à son mari, car il se serait peut-être opposé à cette correspondance, mais elle