Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veux épars, les mains tremblantes, fouillait dans les malles pour y chercher, au milieu des soieries et des velours, la robe de toile et la coiffure nationale avec lesquelles, trois mois auparavant, elle avait pris le chemin de la France. Mais chacun des objets qu’elle touchait revivait douloureusement ses souvenirs. Ce collier de perles était le premier cadeau du prince ; ces diamants, ils étaient à ses oreilles ce soir où, à l’Opéra, son apparition avait produit une telle surprise ! Cette toilette de faille blanche, elle la portait aux Italiens, à une représentation de la Patti ; ce manteau de fourrure, Pierre Olsdorf l’en enveloppait lui-même lorsqu’elle sortait du théâtre. Ces éventails, ces bracelets, elle se rappelait avec quelles douces paroles ils lui avaient été offerts. Sur chaque chose, elle aurait pu mettre une date, tant sa mémoire était d’accord avec son cœur.

Soudain un long soupir, soupir d’amour et de désespoir, s’échappa de ses lèvres, en même temps que son front se couvrait de rougeur. Elle venait de reconnaître le peignoir bleu garni de dentelles qu’elle avait dépouillé cette nuit terrible qui n’avait eu qu’une seconde d’ivresse, où, demi-nue, elle s’était jetée au cou du prince pour le défendre ou pour lui demander protection, lorsqu’elle avait vu la porte de sa chambre à coucher s’ouvrir brusquement. Ce moment-là, pourrait-elle jamais l’oublier ! Pierre n’avait dont pas compris combien elle l’adorait. Cependant ne le lui avait-elle pas assez avoué par son étreinte même !

— Oh ! non, s’écria-t-elle alors en chancelant, vaincue par toutes ces émotions, non, il ne m’aimera jamais !

— Jamais plus qu’en ce moment même, dit soudain une voix qui la fit tressaillir.

Et elle tomba dans les bras de Pierre Olsdorf, qui, sans qu’elle l’eût entendu venir, était entré dans son appartement et assistait à cette scène depuis déjà quelques instants.

— Vous, vous ! murmurait-elle, en fermant à demi les yeux, comme si, pensant rêver de nouveau, elle voulait prolonger son rêve.