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DEUXIÈME PARTIE

MADAME PAUL MEYRIN


I

VÉRA SOUBLAÏEFF


Le voyage de Véra pour retourner à Pampeln ne ressembla en rien, on le comprend aisément, à celui qu’elle avait fait pour venir en France. Trois mois auparavant, après avoir été d’abord tout entière au chagrin de quitter son père et d’abandonner les habitudes si douces et si calmes de son existence au milieu de gens qui l’adoraient, elle avait été promptement envahie par la curiosité de l’inconnu. Malgré sa pureté et son ignorance des choses, elle n’en avait pas moins ressenti, en fille d’Ève, le plaisir de se voir entraînée vers Paris et de vivre si différemment qu’elle ne l’avait fait jusqu’à cette époque.

Avec une sensualité toute féminine, elle s’était voluptueusement blottie dans le compartiment capitonné où le prince l’avait installée, et là, seule avec ses pensées, sous le charme physique de cette locomotion rapide qui l’épouvantait bien un peu, elle avait fini par s’endormir le soir, sans trop regretter son lit virginal de la ferme d’Elva.

Le lendemain, lorsque Pierre Olsdorf, préludant au rôle qu’il allait jouer près de la fille de Soublaïeff, était