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et, de plus, charmant cavalier de trente ans à peine, sans nulle charge à la Cour.

Lorsque le prince, qui paraissait fort épris, fit demander à la comtesse la main de sa fille, Mme Barineff consulta d’abord Podoï, et comme l’excellent général, pressé de voir Lise mariée, n’eut que les choses les plus flatteuses à dire sur Pierre Olsdorf, celle que cela intéressait au premier chef fut informée du choix qu’on avait fait pour elle.

Mlle Barineff, qui s’attendait d’ailleurs à cette communication, répondit sans enthousiasme qu’elle était prête à prendre l’époux que sa mère lui présenterait, et le prince fut alors admis à faire sa cour. Puis, après deux ou trois semaines, la comtesse prononça un oui définitif et, d’accord avec la future princesse, le mariage fut fixé à deux mois plus tard.

Le soir même du jour où tout avait été arrêté de la sorte et où le général Podoï, en se séparant de Mme Barineff, lui avait baisé amoureusement les mains en lui disant : « J’espère que, bientôt, vous direz oui une seconde fois », phrase à laquelle la mère de Lise s’était contentée de répondre par un sourire ; ce soir-là, disons-nous, le courrier de Paris emportait une lettre rédigée en ces termes :

« Je sais trop depuis longtemps, mon vieil ami, combien vous vous intéressez à tout ce qui nous touche, ma fille et moi, pour ne pas m’empresser de vous informer que Lise va se marier dans des conditions brillantes. Elle épousera dans deux mois le prince Pierre Olsdorf, jeune homme parfait, qui l’aime avec passion et lui plaît beaucoup.

« Le prince Olsdorf, dont la fortune est suffisante, n’a pas de charge à la Cour, ce qui lui permettra d’être tout à sa femme. Je serai ainsi récompensée, par le bonheur de ma fille, des sacrifices, souvent douloureux, que je me suis imposés depuis sa naissance. J’espère que cette nouvelle vous causera une véritable joie, et que votre affection approuvera le choix que j’ai fait.