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mère et son frère, mais pas une seule fois sa belle-sœur. Bien que Mme Meyrin et Frantz lui eussent dit qu’ils assisteraient à son mariage, Barbe tenait bon : elle resterait chez elle.

Lise et Paul avaient compris que la cérémonie devait se faire aussi modestement que possible. Du reste la chapelle où elle allait avoir lieu n’aurait guère permis qu’il en fût autrement ; elle était d’une simplicité primitive et cinquante invités à peine pouvaient y prendre place.

Peu de personnes connaissent, même par son adresse, cette petite succursale à Paris de l’église catholique grecque, là-bas, sur la rive gauche, à un second étage de la rue Racine.

Dans un appartement des plus bourgeois, habité par le représentant du patriarche de Constantinople, l’une des pièces avait été transformée en chapelle. Où jadis était l’alcôve se trouvait l’autel, avec ses ornements byzantins, frottés, brillants pour la circonstance.

Lorsque les époux arrivèrent, le prêtre les attendait, et comme il était en deuil, il portait un grand voile noir qui lui donnait une physionomie presque lugubre. Tendu d’un papier grisâtre sur lequel se détachaient çà et là, dans des cadres dorés, de mauvaises images religieuses, l’endroit avait un aspect misérable dont Lise fut frappée. Ce n’était plus le luxe avec lequel les choses avaient été faites jadis dans l’église Isaac.

Ce jour-là, elle s’en souvenait malgré tout, malgré elle-même, les représentants des plus vieilles familles russes assistaient à son mariage, pour faire honneur au prince Olsdorf, allié à la plupart d’entre elles ; l’archiprêtre qui officiait avait revêtu ses plus beaux ornements sacerdotaux ; l’air était imprégné de parfums ; au milieu des femmes les plus haut titrées et les plus élégantes de Saint-Pétersbourg, sa mère lui souriait avec orgueil. Aujourd’hui, dans une chambre garnie, devant un pauvre desservant enveloppé de noir : une vingtaine de personnes, quelques camarades de son mari, des artistes, des curieux, des indifférents, elle le comprenait, sauf Mme Meyrin, la mère, Frantz et la bonne et douce