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— Allons, bien, bien ! moi, je vais aller me faire gronder là-bas.

Et serrant une dernière fois son enfant sur son cœur, elle se sauva pour retourner rue de Douai, où, pour en finir d’un seul coup, elle raconta tout à sa belle-fille qui venait de rentrer.

— Vous êtes libre, fit d’un ton pincé Mme Frantz, mais cette femme ne mettra plus les pieds chez moi.

Jugeant prudent de ne pas discuter, afin d’éviter une scène, Mme Meyrin se retira dans sa chambre.

Aussitôt après le départ de sa mère, Paul courut annoncer à Lise Barineff que rien ne s’opposait plus à leur union.

— Enfin ! Dieu soit loué, répondit la jeune femme. Si tu avais été forcé d’en arriver aux sommations respectueuses, il me semble que cela nous aurait porté malheur. De plus on se serait de nouveau occupé de nous. Or on ne l’a que trop fait déjà, non seulement à Saint-Pétersbourg, d’où je viens de recevoir des lettres, mais encore à Paris. Voici maintenant les journaux qui s’en mêlent. Tu as lu le Figaro de ce matin ?

— Non. Que dit-il donc ?

— On y annonce notre mariage. Vois dans quels termes.

Le frère de Frantz prit le journal que Lise lui tendait et lut dans les échos :

« Tout Paris a remarqué au dernier Salon un fort beau portrait de femme, toile qui vaut une médaille à son auteur, M. Paul Meyrin. L’artiste avait eu d’ailleurs tout le temps d’étudier son délicieux modèle, car on l’a vu souvent se dissimuler dans le fond de sa loge, à l’Opéra et à l’Opéra-Comique. Il y avait sans doute amour sous roche, puisque la noble dame russe, qui n’est autre que l’ex-princesse Olsdorf, va bientôt s’appeler tout simplement Mme Paul Meyrin.

« C’est à Saint-Pétersbourg que le jeune peintre a connu la princesse. Seulement, ce qui étonne un peu le grand monde russe, c’est que le divorce ait été prononcé contre le prince, qui, dit-on, est un charmant cavalier, plein de distinction, et passait, de plus, pour un mari