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— Oui, fit la jeune femme. D’abord, j’aime M. Paul Meyrin.

— Belle raison !

— De plus, s’il ne devenait pas mon mari, vous l’ignorez sans doute, le prince le tuerait.

— J’aimerais mieux cela !

— Oh ! ma mère, ma mère !

— Si tu crois que je puis accepter aisément ce changement ridicule qui va se faire dans ton existence. Lors même que mon orgueil ne devrait pas en souffrir, est-ce que mon affection maternelle ne doit pas s’en effrayer ? Du monde où tu vivais, dans quel monde es-tu destinée à vivre !

— M. Meyrin est un grand artiste, et les artistes aussi bien en France qu’à l’étranger, sont reçus partout.

— D’une princesse Olsdorf faire une madame Meyrin ! C’est honteux ! En tout cas, je t’en préviens, c’est une rupture définitive entre nous ? Adieu ! Je ne te reverrai que le jour où tu m’auras annoncé que tu restes comtesse Lise Barineff.

Et comme elle avait ouvert brusquement la porte du salon, la générale Podoï se trouva en face de Paul qu’elle reconnut tout de suite.

— Ah ! c’est vous, monsieur le peintre, lui dit-elle, d’un ton hautain. Mes compliments sincères ! Il m’en coûte cher de vous avoir patronné en Russie. Après avoir trompé le prince qui vous avait fait l’honneur de vous ouvrir sa maison, vous lui enlevez sa femme, vous séparez une mère de son enfant ! Un galant homme se serait tiré autrement de cette aventure ! Il faut savoir risquer sa vie pour payer certaines dettes ! Vous, vous préférez épouser. C’est votre affaire et celle de ma fille ! Avant un an, elle m’en dira des nouvelles !

Paul, la tête découverte, laissait déborder ce flot d’injures.

Lise, qui avait suivi sa mère, y mit un terme en entraînant son futur mari.

La générale les suivit un instant d’un œil irrité en murmurant : Les sots ! Puis elle sortit.