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aller rendre compte à l’ex-princesse Olsdorf de ce qui venait de se passer.

Le hasard lui réservait, rue Laffitte, une rencontre inattendue, mais fatale.

On venait de lui ouvrir et, sans rien demander au valet de pied, il allait traverser l’antichambre pour gagner le salon où Lise devait se trouver, lorsque le domestique l’arrêta en lui disant :

— Pardonnez-moi, monsieur, Mais Mme la princesse est avec sa mère.

— Sa mère ! fit l’artiste stupéfait.

IL se souvenait tout à coup que, lui aussi, de même que Lise, il avait un peu trop oublié celle dont il devait devenir le gendre.

Laissée par sa fille dans la plus complète ignorance du drame conjugal dont elle était l’héroïne, la générale Podoï n’avait appris son divorce à Saint-Pétersbourg que comme tout le monde, par le bruit qui s’était fait autour de ce scandale, et cette nouvelle avait été pour elle un véritable coup de foudre. C’était l’effondrement du rêve ambitieux dont elle avait poursuivi si énergiquement la réalisation, et bien qu’elle sût que le divorce avait été prononcé contre le prince Olsdorf, elle s’était dit qu’il y avait là un mystère qu’elle voulait éclaircir.

Sans annoncer son voyage à personne, elle avait alors quitté la Russie, pour tomber brusquement chez sa fille.

Elle y était depuis quelques instants déjà, au moment de l’arrivée de Paul. La scène avait été violente entre les deux femmes.

Prise au dépourvu et mettant d’ailleurs une sorte d’orgueil à ne rien dissimuler, Lise avait tout avoué à sa mère ; son amour pour le peintre, l’ultimatum que lui avait imposé son mari, la façon dont s’étaient passées les choses, et enfin son intention de se remarier dans le plus bref délai.

La générale, qui avait écouté le récit de sa fille en fronçant le sourcil, éclata à cette dernière confidence et s’écria :