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regrettait, sans vouloir l’avouer. Il était donc mal venu à faire ainsi comprendre qu’elle n’aurait plus à compter sur lui à l’avenir. Aussi, hors d’elle-même, se hâta-t-elle de poursuivre durement :

— C’est possible, mais cela n’empêche pas que ta princesse est une femme compromise. Si tu crois qu’on ignore ses aventures avec toi ! Nous ne la recevrons certainement pas !

— Ah bah ! s’écria Paul irrité, vous ne la recevrez pas lorsqu’elle sera ma femme ? Vous la receviez cependant, elle et ses cadeaux, quand elle était ma maîtresse. Eh bien soit ! nous vivrons chacune de notre côté, voilà tout !

— Paul ! supplia Mme Meyrin la mère, effrayée de la colère de son fils, qu’elle n’avait jamais vu que doux et soumis.

— Dame ! mère, répondit le jeune homme, sur un tout autre ton, c’est ma belle-sœur qui me pousse à bout. On dirait vraiment que je suis sous sa tutelle. De plus, je ne veux pas qu’on insulte une personne que j’aime et qui, pour moi, a perdu la grande situation qu’elle avait dans le monde !

— Oh ! pour toi, ricana Mme Frantz.

C’en était trop pour l’amant.

— Tenez, s’écria-t-il, vous ne serez jamais qu’une mauvaise langue et un égoïste. Ce qui vous révolte, c’est que je m’affranchisse de vous. Ce n’est pas la morale que vous défendez, mais vos intérêts. Avez-vous donc supposé que j’étais un oncle à héritage ? Certes, j’aime beaucoup ma nièce, mais j’aime encore mieux Tekla, ma chère fillette. J’épouserai Lise, que cela vous plaise ou non ! Quant à toi, mère, tu sais toute mon affection ; elle ne changera point, sois-en certaine, parce que je ne vivrai plus auprès de toi. À partir de ce soir, je cesse de demeurer ici. Je te préviendrai du jour de mon mariage, et j’espère bien que, malgré ma charmante belle-sœur, tu y assisteras.

Et laissant là sa mère et Mme Frantz, qui ne s’attendaient pas à cette fermeté, Paul sortit rapidement pour