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XII

LE DIVORCE


L’argent étant en Russie, comme partout ailleurs, un puissant auxiliaire, et Pierre Olsdorf n’ayant rien épargné, les événements marchèrent avec une incroyable rapidité. En moins d’un mois, le Saint-Synode eut terminé son enquête, et le prince reçut un matin signification du jugement qui prononçait le divorce au profit de sa femme et le condamnait à deux mois de retraite ecclésiastique dans un couvent de Moscou. Cependant, ce même jugement lui laissait la garde de ses enfants.

On sait que, de plus, selon la législation russe sur la matière, le célibat est la conséquence du divorce pour le conjoint déclaré coupable. L’ex-mari de Lise ne pourrait donc se remarier qu’après en avoir obtenu l’autorisation du Czar, et il devait partir sans retard pour Saint-Pétersbourg, afin d’y faire acte de soumission au Saint-Synode.

Dès le soir même, il apprit à Véra qu’il était libre enfin et elle eut un sourire de joie ineffable, mais lorsqu’il ajouta qu’ils allaient retourner en Russie, le bonheur de la pauvre enfant se transforma aussitôt en un profond désespoir. Là-bas, à Saint-Pétersbourg ou à Pampeln, elle ne vivrait plus auprès de Pierre, qui désormais était tout pour elle, bien que son affection fût restée d’une irréprochable chasteté.

Cet homme jeune, sain, plein d’ardeurs qu’il n’avait jamais ressenties, avait eu le courage de ne pas s’emparer de cette vierge qui n’attendait que le moment de se donner. Il aimait, se savait aimé, et fidèle au serment