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princesse aussi souvent, mais lorsque son beau-frère lui eut appris que le prince était à Paris, elle comprit la réserve de Lise et se garda bien d’interroger Paul. Ses explications eussent été peut-être de nature à effaroucher sa pudeur de mère de famille. Elle se contenta de le charger chaque jour de les rappeler, elle, son mari et sa petite fille, au bon souvenir de celle dont, maintenant, elle craignait le départ pour la Russie.

Les choses auraient pu durer longtemps ainsi, car, bien que constamment tenu par la princesse au courant de tout, le jeune peintre gardait le silence, lorsqu’un beau matin, à la fin du déjeuner que la famille prenait en commun, Frantz lut, dans une correspondance adressée de Saint-Pétersbourg au Figaro, la nouvelle du prochain divorce du prince et de la princesse Olsdorf. Les causes réelles de cette séparation étaient restées si secrètes que le collaborateur du journal parisien racontait sans commentaires, que le divorce serait prononcé contre le prince en raison d’une plainte des plus graves adressée par sa femme au Saint-Synode.

— Ah ! par exemple, cela est tout au moins bizarre, ne put s’empêcher de s’écrier le violoniste. Écoutez donc !

Et comme sa fillette venait de sortir avec sa grand-mère, il relut à haute voix l’entrefilet en question ; puis il ajouta, en s’adressant à son frère :

— Eh bien ! la princesse est joliment forte ! C’est elle qui demande le divorce ! Qu’est-ce que son mari a bien pu faire de son côté ? Toi, tu ne savais donc rien ?

— Je savais tout, au contraire, répondit l’artiste, assez embarrassé.

— Pourquoi ne nous en as-tu pas parlé ? fit, d’un ton sec, Mme Meyrin.

— Tout simplement parce que la princesse m’a prié de me taire jusqu’à ce que tout soit terminé.

— Son mari ne sait rien, rien ?

— Probablement !

— Il accepte comme cela que sa femme demande le divorce contre lui ? Je t’ai entendu dire à toi-même que c’est un homme charmant, pour ainsi dire sans défauts. Oh !