que tous les mots combien le prince pouvait compter sur elle.
Pierre poursuivit :
— Eh bien ! cette preuve nouvelle que je vous demande, c’est de ne pas m’interroger sur les événements de la nuit dernière, c’est de reprendre votre calme, c’est de ne pas douter de moi et d’avoir pleine confiance en l’avenir. L’épreuve mystérieuse pour vous que mon égoïsme vous a imposé peut durer quelques semaines encore ; pendant ce temps-là, nous ne nous séparerons pas ; nous vivrons toujours de cette vie commune que nous menons depuis notre arrivée à Paris ; vous continuerez à être ma fille bien-aimée, bien tendrement aimée. Le voulez-vous ?
— Tout ce que vous voudrez, je le ferai, murmura-t-elle, confiante et résignée, en attachant ses yeux sur ceux de son maître. Je ne vous interrogerai jamais, j’attendrai. Mais mon père…
Le gentilhomme ne put s’empêcher de tressaillir et reprit vivement :
— Je ferai connaître à Soublaïeff ce qu’il faut qu’il sache pour conserver toute son affection, toute l’estime dont vous êtes digne. Plus tard, chacun vous respectera et vous aimera comme je vous respecte et vous aime ; plus tard, je m’acquitterai envers vous. En attendant, je veux que vous sortiez, que vous preniez toutes les distractions possibles, que vous soyez heureuse.
— Je le serai, puisque je ne vous quitterai pas !
Et comme si elle eût été honteuse de ces paroles, s’arrachant des bras du prince qui la pressait sur son cœur, Véra se sauva dans sa chambre, pour pouvoir être tout entière, sans témoins, à la joie immense qui s’était emparée d’elle.
Les jours suivants, obéissant aux volontés de Pierre Olsdorf, elle reprit ses promenades au Bois, où elle passait mystérieusement blottie dans le fond de son coupé, objet de la curiosité de ce Tout-Paris qui cherchait vainement à savoir d’où venait cette jolie étrangère si peu