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se trouver face à face avec celui dont, par ordre, il devait épouser la femme.

Lise Barineff ne pouvait donc vraiment s’attendre à surprendre Véra Soublaïeff dans les bras de son mari, et la vue de cette jeune fille, qui s’était si souvent inclinée devant elle pour lui baiser la main, était bien de nature, dans les circonstances où elle se produisait, à lui faire oublier sa faute à elle, pour réveiller tout son orgueil.

Ces pensées lui firent relever la tête et peut-être allait-elle adresser à celle qu’elle pensait être sa rivale un sourire de mépris, lorsqu’un regard de Pierre Olsdorf la rappela à la honte de sa situation, en lui enjoignant de sortir.

Elle obéit.

— Il ne me reste plus, prince, continua le commissaire de police, qu’à dresser mon procès-verbal constatant contre vous l’entretien d’une concubine au domicile conjugal, à faire ici les perquisitions prescrites par la loi et à expulser de cet appartement votre complice.

Véra, que l’étonnement et la peur avaient jusque-là rendue muette, ne put s’empêcher, à cette menace, de jeter un cri d’indignation. Sa pureté ne l’empêchait plus de comprendre. Elle, la maîtresse du prince !

D’un geste affectueux, celui-ci la rassura, lui imposa silence, et la malheureuse enfant, la rougeur au front, se laissa retomber sur son lit, pour cacher dans ses oreillers brodés, son visage baigné de larmes.

Pierre Olsdorf avait répondu au commissaire de police qu’il se soumettait par avance à tout ce qu’il jugerait convenable de faire.

Après avoir jeté un coup d’œil autour de la pièce où avait lieu cette scène, le magistrat passa dans le salon pour dicter à son secrétaire un procès-verbal, où il était constaté que, dans une chambre à coucher de son appartement, le prince Olsdorf avait été trouvé avec une jeune fille demeurant chez lui depuis plus d’un mois, et que le prince, interrogé, n’avait d’ailleurs pas protesté contre l’accusation d’adultère dont il était l’objet.

Homme intelligent et distingué, le commissaire avait