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rôle. Ce que je désire de votre dévouement, c’est de ne vous étonner de rien, de m’obéir aveuglement, de ne pas vous effrayer, quoi qu’il arrive.

— Je ne vous comprend pas, murmura la fille de Soublaïeff, mais je vous promet de faire tout ce que vous exigerez de moi.

Sa main s’était glacée ; tout son sang lui affluait au cœur.

Un violent coup de timbre, qui résonna tout à coup la fit tressaillir.

Le prince s’était levé de son fauteuil et il écoutait, mais sans s’éloigner.

Yvan, qui n’était pas encore couché, avait ouvert, car les pas de plusieurs personnes se faisaient entendre dans l’antichambre, où les visiteurs inattendus parlementaient avec le vieux serviteur.

— Rappelez-vous tout ce que je viens de vous recommander, dit rapidement Pierre à Véra.

Et se dépouillant de son habit, il s’assit sur le lit et se pencha sur la jeune fille, comme pour l’embrasser.

Au moment même, la porte de la chambre à coucher s’ouvrit brusquement, et la pauvre enfant, qui avait étouffé un cri de stupeur au mouvement du prince, lui jeta instinctivement ses bras nus autour du cou, comme pour le défendre ou lui demander aide et protection.

Pierre s’arracha doucement à cette étreinte et se retourna.

Il était en face de trois inconnus, dont l’un, évidemment le premier acteur de cette scène étrange, lui dit, en se découvrant poliment :

— Vous êtes, monsieur, le prince Pierre Olsdorf ?

— C’est moi-même, répondit sans hésitation le gentilhomme avec le plus grand calme.

— Je suis, moi, le commissaire de police de votre quartier, délégué par M. le juge d’instruction Leroy, pour constater contre vous le délit d’adultère, en vertu de l’article 1307 du Code de procédure civile. La loi m’ordonne de faire comparaître ici même madame la