pour coucher avec Mlle Odette Rénier. Et qu’il allait se jeter à la Seine après avoir passé une nuit d’amour.
Elle ne broncha pas. Elle remit le portefeuille et la lettre dans la poche du veston. Et quand le jeune Julien rentra dans la chambre elle lui tendit les cinq billets, l’embrassa et lui dit :
— Reprends-les, bêta. Tu ne comprends donc pas que je t’aime… Et reviens après-demain. Je serai seule. Nous passerons la nuit ensemble.
III
Marie-Louise déclare à ses petites camarades du bar et du plateau qu’elle est « raide comme un passe-lacet », et elle cherche à leur emprunter de l’argent pour le dîner,
Je me trompe peut-être. Mais cette pittoresque expression doit probablement signifier qu’on n’a plus le sou. « Raide comme un passe-lacet » offre sans doute à l’amateur de langage populaire le même sens que « fauché comme les blés » ou « être sans un ». Marie-Louise a dû fréquenter les ateliers de couture avant de monter sur le plateau du petit théâtre. Depuis quelque temps, j’apprends ainsi toutes sortes de locutions par la conversation de ces demoiselles qui usent entre elles d’un dialecte particulier dont tous les termes ne sont pas à reproduire, vu leur crudité !
Marie-Louise eut, hier, le grand tort de consacrer ses dernières ressources à payer une entrée dans une salle de danse élégante, baptisée d’un mot anglais que je ne veux pas écrire, parce que je mets une mauvaise foi systématique à faire semblant d’ignorer la langue de nos envahisseurs ; et parce que nous avons une langue à nous, assez riche, et assez belle pour exprimer notre pensée.
Marie Louise explique à ses camarades comme elle s’est ruinée hier en frais généraux dans une entreprise désastreuse.
Elle allait, elle allait, par les rues, quærens quem devoret,