Page:René Le Coeur Le bar aux femmes nues, 1925.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 51 —

enchevêtrés, une levée d’arbres profilant sur la mer leurs cimes, en hérissement de lames, de piques, de lances géantes et sombres ; c’était, au soleil, une enchanteresse vision de Vallauris retrouvée ; un peu de Riviera qui consolait de Theuville-aux-Maillots.

Et les rires et les cris de la petite bande retentissaient au loin sous les sapins, comme sous une voûte d’église.

Malou avait apporté quelques bouteilles de champagne, que les dames et les demoiselles, avec de petites mines, buvaient dans les timbales.

— Nous allons être grises ! Ça va être du joli !

Mmes Toumyre, et Buquet trouvaient décidément Malou Rosay charmante. Elle s’était mise tout de suite à leur portée : elle leur avait parlé de ses années de couvent et des tours joués à la Mère supérieure ; elle avait donné des recettes pour détacher le velours, la soie, la dentelle ; et elle avait détaillé la toilette du roi d’Angleterre aperçu aux courses.

— Vous l’avez vu ? s’informait Mme Toumyre.

— Tout près de moi. Il était avec le président de la République, et mon oncle avec le président de la Société d’encouragement, leur faisait les honneurs et leur montrait les chevaux.

— Votre oncle ?

— Oui, M. de Roquemaure. C’est lui qui est mon oncle.

Mmes Toumyre et Buquet examinaient curieusement cette jeune femme de qui l’oncle avait causé au roi d’Angleterre.

C’était, cet oncle, une belle invention de Marie-Louise qui en a ri longtemps !

— Et vous, madame ? Vous lui avez parlé ?

— Non ; j’étais dans la foule, mais au premier rang.

— Et M. votre oncle est invité par le roi. Est-ce qu’il dînera à la table du roi ?