— Et sais-tu qui elle connaît, Mme Rosay ?
— Comment le saurais-je, bougonnait la grosse dame boudeuse.
— Elle connaît le marquis de Roquemaure, triomphait M. Buquet.
— Le marquis de… Le tien, celui de ton conseil ?
— Il n’y en a pas trente-six, j’imagine.
— C’est peut-être lui qui l’entretient. Et puis, après tout, réfléchissait Mme Buquet, ça ne nous regarde pas ; et ceux qui ne voudront point venir au déjeuner resteront chez eux. Lui as-tu dit, au moins, à Mme Rosay que M. de Roquemaure était ton administrateur ?
— Naturellement, faisait le sous-chef avec le sourire de M. de Talleyrand.
Le ménage descendait déjeuner et, à table d’hôte, Mme Buquet attachait le grelot :
— Vous savez, annonçait-elle à Mme Toumyre, nous nous sommes toutes trompées sur le compte de cette dame Rosay : elle est très honnête.
La tablée entière redressait la tête et Mme Toumyre ripostait, sarcastique :
— Ah ! vous trouvez ?
— Oui, le maillot, évidemment.
— Enfin, résumait Mme Buquet, j’ai invité Mme Rosay à notre déjeuner de lundi ; elle est seule ici. On ne lui connaît aucun amant. Elle sort avec mon fils, mais ça ne prouve rien, mon fils ; elle a des relations superbes à Paris : elle connaît le marquis de Roquemaure, administrateur de la banque de M. Buquet.
Et la veuve, penchée vers Mme Buquet, minaudait du râtelier.
— Mon Dieu, chère madame, nous avons pu nous tromper, en effet. Quant à moi, si j’ai fait erreur, je ne demande qu’à le reconnaître et je me rencontrerai volontiers lundi, avec Mme Rosay.
— Grand bien vous fasse, déclaraient Mmes Bouelle et Montérolier. Cette Marie-Louise ne nous dit rien qui vaille.