Page:René Le Coeur Le bar aux femmes nues, 1925.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 39 —

Voilà celles qu’il vous faut. Moi, je ne ferai pas votre affaire. Et, surtout, vous ne feriez pas la mienne.

« — Plaît-il ? — Vous pratiquez les sports ? Oui, je sais. J’ai des amies qui m’ont donné des renseignements. Le grand air, quand votre torpédo roule à 90, vous étourdit. La boxe vous éreinte. Vous buvez de l’eau claire, pour que votre petit cœur ne batte pas trop fort. Mais vous arrivez fatigué sur l’oreiller. Ça m’est éperdûment égal, à moi, femme, que vous leviez cinquante kilos, si vous baissez… les paupières à côté de moi pour dormir.

« Continuez votre entraînement, mon bon ami. Soyez champion de boxe, de natation, de course à pieds, roulez des hanches et laissez pousser vos boucles blondes ou brunes.

« Mais n’essayez pas de jouer avec moi au plus joli des jeux que jouent les amoureux : vous seriez battu, mon petit ami, battu dès la première manche. Vous n’êtes plus de force… pour les femmes de ma génération.

« Yvonne.

XIII


Malou, une fois dans sa vie a fait un mariage, un vrai ! C’est toute une histoire.

Son ami sérieux l’avait envoyé à Theuville-aux-Maillots, pendant la saison des bains de mer. Lui n’habitait pas bien loin de là, et, comme il était marié, il avait ainsi, sans se compromettre, sa maîtresse sous la main,… si l’on peut dire !

C’est à Theuville-aux-Maillots que Malou rencontra M. Buquet, sa famille et ses filles à marier.

M. Buquet venait à Theuville-aux-Maillots du samedi au lundi, chaque semaine pendant la saison balnéaire. Le train appelé train des maris l’emportait vers la côte ouest, parmi d’autres travailleurs parisiens, heureux de retrouver l’air pur, la mer, le baiser des enfants et le sourire des épouses. Et ils débarquaient sérieux, bedon-