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dix minutes avant, sur le plateau. Elles étaient parfois encore en costume de scène, sous leur manteau ; c’est-à-dire qu’elles ne portaient que leur cache-sexe. En vérité le petit bar aux femmes nues était charmant.

J’y suis retourné bien souvent. J’y ai connu Marie-Louise, Yvette, Liseron, d’autres encore. J’y ai recueilli un grand nombre d’histoires et rencontré une des plus charmantes petites camarades de lit de mon existence.

Le récit de toutes ces aventures du bar et de Marie-Louise peut faire un véritable roman. Je n’ai point manqué à l’écrire pour mon divertissement particulier ; et peut-être celui des personnes qui me feront l’honneur de me lire, sur la foi du titre, avec l’espoir, ne nous faisons pas meilleurs que nous ne sommes, d’y trouver des polissonneries.


II


Donc, après la matinée, ces demoiselles, se retrouvent au petit bar. On cause entre amis de la maison.

Il n’est question ni de la politique intérieure, ni de l’extérieure ; ni de littérature, ni des pièces nouvelles. Si les chefs du gouvernement venaient au petit bar. — ils y viennent peut-être — ils comprendraient que l’indifférence du peuple fait la force du Régime ; et si les écrivains et les auteurs dramatiques se rendaient compte de l’ignorance de ces demoiselles et de leurs amis, ils prendraient une grande leçon de modestie en méditant la parole de Saint-Jean : Vanitas vanitatum et omnia vanitas ; tout n’est que vanité.

Les conversations traitent surtout de l’amour ; et aussi de l’argent. L’idée d’argent est liée étroitement à l’idée d’amour dans la minuscule cervelle de ces demoiselles. Car la vie chère a tué le « béguin ». Que les temps sont changés !

— Il faut avoir beaucoup de « pèze », aujourd’hui,