Le matin, Marie-Louise m’a demandé :
— Pendant que je vais faire ma toilette, tu serais bien gentil de promener Kiki sur l’avenue.
— Il ne m’échappera pas ?
— Non, sois tranquille ; il suit très bien quand on le sort. Tu verras.
— Je serais plus tranquille en l’attachant.
Marie-Louise bondit.
— Attacher Kiki ! Penses-tu que je vais te laisser
attacher Kiki ! Le pauvre loulou à sa mémère, il n’a que ce quart d’heure de liberté. Allons, va avec le monsieur.
Kiki me contemple d’un air tranquille, son air d’employé derrière le grillage quand il y a beaucoup de public. Nous sortons tous deux au pas. Mais, dehors, il s’élance sur l’avenue et disparaît à un tournant, la sale bête.
— Kiki ! Kiki !
Marie-Louise apparaît à la fenêtre.
— Tu l’as laissé échapper ! Vrai, tu n’es guère malin, pour un type intelligent. C’est pas la peine d’écrire dans les journaux pour ne pas être seulement fichu de garder un chien.
— Mais, ma chère, ça n’a aucun rapport.
— Cours après Kiki. Tu causeras ensuite. Jamais il ne s’est échappé avec moi. Ces choses-là n’arrivent qu’à toi.