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témoigner d’une espèce de compétence, je crois devoir expliquer :

— Oui, à cause de la guerre. Il y a maintenant plus de femmes que d’hommes.

— C’est pas tant çà, encore. Mais ceux qui restent ne s’attachent pas. Ils sont bons pour un dîner, une nuit, et c’est tout.

Je comprends que les affaires d’intérêt de cœur de ces dames vont très mal. C’est général, d’ailleurs.

— Pourtant, continue Marie-Louise, voilà mon Yvette qui arrive une fois ici avec un manteau de fourrure, comme celui de Liseron, une montre-bracelet, comme celle de Liseron, une jolie montre en « titre Fix » enfin, tout comme Liseron, quoi. Et qui lui annonce qu’elle a trouvé un ami.

— Tu sais, qu’elle lui fait, j’ai trouvé aussi un ami sérieux ; il m’a mise dans mes meubles ! Il est docteur, mon ami.

— Il est docteur ? fait Liseron. C’est drôle, le mien aussi, il est docteur. Amène nous-le au théâtre, il verra la pièce qui est amusante.

— Il ne veut pas venir.

— Comme le mien, toujours.

— Ça ne fait rien, je te le ferai connaître. Peut-être bien, monsieur, qu’Yvette n’était pas fâchée d’épater un peu, à son tour, Liseron qui nous parlait toujours de son ami. Bref, elles combinent une entrevue toutes les deux, Yvette dit :

— Amène aussi ton ami.

— Je tâcherai s’il est de retour. Il m’a annoncé son départ. Voilà trois semaines que je suis sans nouvelles.

L’ami de Liseron n’étant pas encore rentré de voyage, elle va toute seule au rendez-vous donné par Yvette qui attendait avec son ami. Et savez-vous qui c’était, le docteur d’Yvette ?

— C’était aussi le docteur de Liseron !

Et Marie-Louise me regarde avec surprise :

— Vous avez deviné ! Vous connaissiez donc l’histoire ?